L'Emprise, de Sabine Lenoël et Gilles la Carbona, Expression Théâtre

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Valérie et Fred forment apparemment un couple heureux. Apparemment. Peut-être Fred a-t-il juste une personnalité un peu plus affirmée. Peu à peu, il prend l'ascendant, mais il faut l'apparition d'un tiers pour que l'emprise puisse enfin être nommée.

Note du metteur en scène Mourad Berreni : 

Deux auteurs et un metteur en scène qui se rencontrent : fruit du  hasard d’abord mais que soudent très vite le   désir de partager un projet commun sur un thème fort celui du  « harcèlement moral dans le couple » et ses résonnances très claires avec l’actualité du moment. Nous sommes, avec ce que vivent les protagonistes de « l’Emprise », au-delà des rapports entre femme et homme dans la sphère publique, mais bien dans la conception de  l’amour conjugal  actuel  ou le dominant, malgré de significatives avancées de la condition de la femme ces dernière décennies dans nos sociétés,  semble toujours être l’homme.

Ce qui est fascinant, troublant puis dérangeant, dans cette histoire de couple  si ordinaire, c’est que sous l’apparence d’un amour ancien et sûr entre deux êtres qui semblent se connaître et s’apprécier, se cache une machinerie subtile de torture conjugale redoutable qui ne dit pas son nom, mais fait des ravages psychologiques aussi sûrement qu’une véritable torture physique et qui peut conduire à la destruction mentale de l’un de ses  membres, en l’occurrence ici, la femme.

Fred a réussi à construire petit à petit autour de Valérie une cage invisible faite de  barbelés de certitudes rassurantes,  dont elle ne peut s’échapper sans se blesser ou se perdre. «  C’est moi qui t’ai faite, qu’est-ce que tu ferais sans moi ! », répète à l’envie Fred à Valérie, certain que la dépendance économique et psychologique de sa femme lui garantie une  position dominante dans le couple.

Le processus bourreau/ victime psychologique est toujours le même et se conjugue en deux  temps, toujours les mêmes : paroles dévalorisantes qui font  naître l’inquiétude et  la  déstabilisation de la victime, puis mots  rassurants et apaisants  du bourreau pour assoir  son statut de sauveur du couple.

L’impact scénique de cette histoire, nous l’espérons,  pourrait révéler un pouvoir cathartique salvateur pour ceux qui fonctionnent sur ce genre de modèle.


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